Cercle Généalogique de Vincey et du Bailliage d’Epinal
39 rue de la Mairie 88130 LANGLEY
Tel : 03 29 67 45 56
www//vincey-epinal-genealogie.com
Contact : CGHVBE@vincey-epinal-genealogie.com
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Sa Biographie :
http://www.pierre-pelot.fr/biographie.php
Sa Bibliographie :
Voyages en escale
Des horizons fermés par les montagnes en cercle, comme dans un embrassement rond. Ces montagnes pas si hautes que ça et qui savent pourtant à l’occasion sacrifier un imprudent inconscient. Ces montagnes qui regardent davantage vers le bas que le ciel, vers les vallées entrecroisées qui sont leurs socles et leurs assises. Des montagnes qui ne sont que des vallées poussées en graine, grandies trop vite vers des sommets rêvés qu’elles n’ont jamais atteint, se contentant de ce qu’elles trouvaient finalement au bout de l’effort. Pourrait-on croire.
Les hommes dessus sont taillés à ce gabarit, cette manière d’élan.
Quand ils demeurent, quand il ne se sont pas enfuis.
Voyager sous ce ciel-là, dans l’encerclement de cet horizon-là comme une ronde figée. Voyager immobile. N’allez pas croire pour autant que le périple soit de tout repos. Ça use une vie durant. Au fil des saisons jamais pareilles qui se déroulent en permanence et pourraient vous laisser croire à une habitude, un leitmotiv… rien de plus faux. Voyager sous les arbres qui grimpent et fleurissent et frémissent au long des ans comme des siècles, témoins tranquilles de ce qu’ils pouvaient être au cours successifs des millénaires enfouis dans leurs racines. Mon territoire est le monde tout entier couché en rond comme un chat dans le jardin qui cerne ma maison, au pays des renards et des blaireaux, faute de loups. Mais les loups ne sont pas si loin, en vérité. Les loups sont des fantômes amis, ils rôdent encore. Braves bêtes.
Voyager dans le temps d’un pays qui est le mien sous le simple prétexte que j’y suis né et que j’y ai grandi, poussé comme une espèce d’arbre entre d’autres sapins et bouleaux. Mon territoire a grandi sous le ciel en vadrouille au jeté du temps et des hommes passés. Les voyages ne sont pas seulement dans l’espace, ils sont aussi compagnons du Temps. Ils se forgent et grandissent et prennent maturité comme des choses vivantes, avec le Temps. Le temps ne passe pas. Ou s’il passe il revient sans se faire prier à son point de départ. Il suffit de l’appeler et de le tenir par la main.
Les voyages ne sont pas seulement un procédé géographique. Les réduire à cela n’est pas très aimable à leur égard. Les réduire à de la bougeotte physique n’est pas les tenir en grande considération.
Ici, le voyage du fond de mon jardin tourne rond comme la terre est ronde, parce que c’est ma terre et mon monde et que j’en suis le centre, le centre du temps et de l’espace, le centre de l’Histoire des jours suivant les jours, indéfiniment, en une grande sarabande de sapins et de ciels bleus ou gris et de neiges et de pluie et de soleils brûlants, témoins de tant de présences et de tant de passagers en partance pour une escale définitive, de tant de voyageurs sans bagages…
Sous l’œil des renards et des fantômes de loups.
Pierre PELOT