L’expression «économies de bouts de chandelles» trouve à Epinal une signification toute particulière.
Comme dans toutes les vieilles cités, les rues d’Epinal étaient pavées avec un caniveau central, où s’écoulaient les détritus et les eaux usées ou de pluie. Un des «ruisseaux» qui en échappaient, traversait la Grande-Rue aux Arcades (actuelle rue du Général Leclerc). Le Vendredi Saint, les petits «Pinaudrés» fêtaient tout à la fois la fin du Carême, la fin de l’hiver, l’arrivée du printemps et l’approche de la Résurrection. C’était aussi la fin des «loures», les veillées de l’hiver, où l’on travaillait à la lueur des chandelles en écoutant les récits et légendes des anciens. A l’occasion de cette fête, on réservait une partie des restes de bougies habituellement refondus, pour les enfants, pour leur permettre de fabriquer des embarcations. Et quelles embarcations ?! Tout est bon pourvu que ça flotte : planches, sabots, gamelles… avec une bougie plantée au centre ! Les enfants dirigeaient leurs «navires» sur le ruisseau avec des bâtons en riant et en chantant en patois:
« Les champs golots
Les loures relot :
Pasques reviet !
Ç’o in grand bié
Pou les chettes et les chiés…
Et pou les geots tot aussi bié ! »
Qu’on peut traduire par :
«Les champs coulent,
Les veillées s’en vont :
Pâques revient !
C’est un grand bien
Pour les chats et pour les chiens…
Et pour les gens tout aussi bien !
La tradition perdure et s’est même étendue depuis quelques années à des cités voisines. Aujourd’hui, les gros caniveaux ayant disparus, on installe des bassins artificiels où l’on organise des concours de la plus belle embarcation !!!